Rapport Intégré 2022

Message du Directeur général Thierry Trouvé

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Message du Directeur général Thierry Trouvé

« La filière méthanisation est la seule énergie renouvelable à tenir et même dépasser les objectifs de la PPE. »
Thierry Trouvé Directeur général

ENSEMBLE, MOBILISÉS POUR DEVENIR UN LEADER DE LA 3e RÉVOLUTION DU GAZ

L’année 2022 marque sans doute un tournant historique pour notre futur énergétique. Les appels répétés du Giec à réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre ou les événements climatiques de plus en plus rapprochés dans différentes régions du monde avaient jusque-là un effet limité sur le modèle de production et d’approvisionnement énergétique.

Or, en quelques mois, sous l’effet du conflit russo-ukrainien, les croyances sur l’accès à une énergie abondante, durable et abordable ont volé en éclats. Nos économies se trouvent confrontées à une situation qui met en évidence des défis intimement liés et qui interrogent tout à la fois la souveraineté et la diversité de nos moyens de production et approvisionnements, mais aussi la sobriété et la décarbonation de nos usages. 

Depuis plus d’un an, l’envolée des prix de l’énergie sous ses différentes formes, conjuguée aux risques d’approvisionnement en électricité et en gaz, a plongé le continent européen dans une profonde remise en question, y compris sur le principe même de l’ouverture des marchés de l’énergie telle que décidée à la fin du XXe siècle. 

Le nouveau rapport intégré de GRTgaz tente d’apporter quelques éclairages sur la manière dont un opérateur de réseau repense son modèle pour donner une nouvelle impulsion à ses missions de service public et ouvrir de nouvelles perspectives à la transition énergétique avec la 3e révolution du gaz. Je voudrais insister ici sur trois convictions fortes corroborées par des faits en 2022 et qui me semblent illustrer la pertinence de nos engagements. 

Tout d’abord, l’enjeu de disposer des infrastructures nécessaires à notre approvisionnement énergétique. Depuis l’été dernier et la fin des livraisons de gaz russe au point d’interconnexion d’Obergailbach, GRTgaz a été capable de reconfigurer son réseau en s’appuyant sur des installations robustes (terminaux méthaniers, stockages) pour subvenir aux besoins de la consommation intérieure, soutenir la production d’électricité et exporter du gaz par solidarité vers nos voisins européens. Cette situation étant appelée à durer, la France a décidé de renforcer ses capacités d’importations de gaz naturel en installant un terminal flottant dans le port du Havre, que GRTgaz s’est engagée à raccorder à l’été 2023. Dans le même temps, GRTgaz a poursuivi ses investissements pour accélérer le développement des gaz renouvelables. Avec plus de 500 méthaniseurs installés sur l’ensemble du territoire, le sens des flux a commencé à s’inverser dans les zones où la production de biométhane est plus importante que la consommation locale à certaines périodes. Preuve supplémentaire de l’importance retrouvée de la logistique associée à la production d’énergie, les gouvernements français, espagnol et portugais ont lancé fin 2022 un projet d’envergure, H2med, qui permettra de transporter à l’horizon 2030 l’hydrogène vert du sud au nord de l’Europe. Une ambition parfaitement complémentaire avec les initiatives lancés par GRTgaz ces derniers mois pour acheminer l'hydrogène à l’échelle de bassins territoriaux comme en région sud, en Alsace, en Moselle ou dans le Port de Dunkerque. 

Avec l’avènement d’un 3e vecteur énergétique à moyen terme, l’hydrogène, aux côtés de l’électricité et du méthane, nos économies semblent avoir réalisé également qu’en matière d’énergie, il serait inefficace et irresponsable de « mettre tous ses œufs dans le même panier ». Ainsi, si les énergies fossiles sont appelées à décroître, il ne faudrait pas en conclure que le méthane en tant que vecteur énergétique est appelé à disparaître. Alors que la France s’est engagée à réduire ses émissions de CO₂ de 40 % d’ici à 2030, et que cette ambition doit être renforcée pour tenir compte de nouveaux objectifs européens (-55 %), le pays devrait doubler le rythme de baisse de ses émissions à environ -4,7 % par an sur la période 2022-2030 selon le Haut Conseil pour le climat. Un objectif de taille puisque notre production d'électricité est déjà en grande partie décarbonée. Le moment est donc venu d’engager avec la même détermination la décarbonation du système gaz. Le biométhane apporte clairement des réponses immédiates et opérationnelles en matière de souveraineté et de décarbonation. Avec 9 TWh/an de capacités de production installée à fin 2022, la filière méthanisation est la seule énergie renouvelable à tenir et même dépasser les objectifs de la PPE. Avec les projets en attente, la filière conserve largement la capacité de dépasser l’objectif fixé de 14 à 22 TWh en 2028. Si les coûts et la contrainte budgétaire avaient été mis en avant pour justifier ces modestes valeurs, la Commission de régulation de l’énergie vient d’annoncer que la filière devrait avoir remboursé à fin 2023 toutes les aides perçues depuis 2012, sans consommer l’enveloppe budgétaire de 9,7 milliards d’euros à horizon 2028 qui lui avait été accordée dans la PPE 2020. Des décisions fortes, qui pourraient porter à 60 TWh de gaz renouvelables et bas-carbone en 2030 (50 en méthanisation + 10 pour les filières innovantes) dans la prochaine PPE, tels que proposés par les filières, sont donc à portée de main. À l’instar de la relance du programme nucléaire, ceci enverrait à coup sûr un message de reconquête de notre souveraineté énergétique et industrielle.

Troisième conviction qui a pris une dimension soudaine avec les événements géopolitiques et les tensions répétées sur le parc nucléaire, le retour en force de la sobriété de nos consommations. La France a ainsi utilisé 11,2 % de gaz en moins (données corrigées du climat) entre août et décembre 2022 par rapport à la même période de 2018. La sobriété est encore plus marquée (16,6 %), si on exclut la consommation des centrales électriques à gaz, en hausse de 38,5 % sur la période, pour compenser les arrêts de réacteurs nucléaires en France. Ces comportements dictés par la conjoncture sont appelés à s’inscrire dans la durée dans les comportements ainsi que les efforts d’efficacité énergétique en général. Ces baisses observées en gaz comme en électricité entraîneront des répercussions positives sur la sécurité d’approvisionnement en énergie. C’est la raison pour laquelle GRTgaz a pris ses responsabilités, avec Teréga et l’Ademe, en lançant le site Ecogaz en octobre dernier, le pendant d’Ecowatt dans le domaine du gaz. Avec une centaine de partenaires (industriels, acteurs du logement, collectivités…) qui ont déjà rejoint le dispositif, la prise de conscience que notre avenir énergétique s’écrira avec sobriété et efficacité est en marche. 

Comme vous pourrez l'apprécier dans ce rapport, GRTgaz est déterminé à apporter des solutions dans un contexte certes troublé mais porteur d'opportunités et de bon sens. Pour y parvenir, j’ai estimé qu’il était temps de faire évoluer notre organisation interne pour préparer le réseau de demain, rationaliser la gestion de nos actifs, optimiser l’organisation des activités de maintenance et simplifier notre fonctionnement central avec deux priorités : dynamiser le développement des gaz renouvelables et prendre le virage du pilotage intégré de nos activités et d’une approche globale de la performance. Cette transformation, préparée en 2022 et mise en œuvre en 2023 est porteuse d’ambitions fortes, attendues de nos parties prenantes, et cohérente avec notre raison d’être “Ensemble, rendre possible un avenir énergétique sûr, abordable et neutre pour le climat”.

Thierry Trouvé

Pour aller plus loin

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