Les gaz renouvelables, instrument de la décarbonation des industries
Sylvie Jadoul, Chef de projet décarbonation de l’industrie chez GRTgaz, explique comment les gaz renouvelables peuvent les y aider à très court terme.
Dans quelle mesure les industries sont-elles tenues de réduire leurs émissions de CO2 ?
Il existe un cadre réglementaire, au niveau européen et national, qui fixe des objectifs ambitieux pour les industriels en matière de réduction de gaz à effet de serre. Ces objectifs ne sont pas les mêmes pour toutes les industries, mais toutes sont en revanche concernées. La cible, c’est la neutralité carbone à horizon 2050. Le système des quotas de CO2 entre dans une nouvelle période qui réduit encore les quotas gratuits dans un contexte où le prix de la tonne carbone augmente. En miroir, il existe aussi des aides financières pour soutenir les actions d’efficacité énergétique et de décarbonation.
Quelle est la place des gaz renouvelables dans la décarbonation ?
Décarboner une activité implique des investissements lourds : modifier les process, parfois les matériaux, faire certifier les produits issus de ces nouvelles mesures, etc. C’est une démarche qui demande du temps et que toutes les industries n’ont pas les moyens de mener tout de suite. Et c’est là que le gaz fait toute la différence : en effet, pour un industriel dont le site fonctionne au gaz naturel, il peut d’ores et déjà décarboner son activité sans modifier ses process grâce aux gaz verts. Les industries achètent du gaz vert assorti de garanties d’origine qui attestent de l’origine renouvelable du gaz injecté dans le réseau. Ce système permet aux industriels de financer le développement des énergies renouvelables et de réduire leur empreinte environnementale, tout en menant leur transition énergétique à leur rythme.
« En tant que transporteurs de gaz, nous intervenons comme conseil : nous voulons que nos clients accèdent aux solutions qui leur correspondent et qui leur permettront de progresser. Nous fédérons pour cela tous les apporteurs de solutions : l’Ademe, les fabricants, les acteurs gaziers... »Sylvie Jadoul
Responsable Grand Compte chez GRTgaz
Comment GRTgaz accompagne-t-elle les industries ?
En tant que transporteurs de gaz, nous intervenons comme conseil : nous voulons que nos clients accèdent aux solutions qui leur correspondent et qui leur permettront de progresser. Nous fédérons pour cela tous les apporteurs de solutions : les fabricants, les acteurs gaziers, etc. Nous étudions aussi l’intégration et l’impact de certains gaz dans leurs process.
Et puis nous formons salariés et clients. Nous nous assurons que tous disposent des informations actualisées sur les réglementations en vigueur, les possibilités de décarbonation par le gaz, qu’il s’agisse de biométhane ou de solutions en développement, comme l’hydrogène. Le 15 juin, nous avons rassemblé nos clients lors d’un évènement digital pour leur expliquer le rôle des gaz verts et de notre réseau dans la décarbonation. Des sessions thématiques permettront ensuite d’aborder plus spécifiquement les problématiques selon les secteurs, la question des certificats verts et de leur mise en œuvre, etc.
« Déployer des relais de gaz naturel » est la première ambition du projet d’entreprise de GRTgaz. En quoi participe-t-elle à la transition énergétique ?
Les gaz verts sont en production exponentielle mais leur disponibilité actuelle ne permet pas encore de répondre à tous les usages. Nous devons donc continuer de promouvoir le gaz naturel en tant que première étape de décarbonation pour les industries qui fonctionnent au fioul ou au charbon. Le gaz génère en effet moins de polluants et moins de CO2 : dans les transports, il réduit par exemple les émissions de gaz à effet de serre de 15 à 20 % par rapport au diesel et de 80 % dans le cas du bioGNV. Ce n’est pas un hasard si la RATP alimentera dès 2025 la moitié de ses bus au bioGNV pour transporter chaque jour 500 000 passagers.