GRTgaz constate un arrêt du flux physique entre la France et l’Allemagne
Sur les 5 premiers mois de l’année, la consommation de gaz a baissé de 22 TWh par rapport à la même période en 2022, même si les centrales électriques au gaz ont vu leur consommation augmenter de 40 % du fait de la moindre disponibilité du parc nucléaire et d’une production faible des énergies renouvelables électriques.
Par ailleurs, l’arrivée dans la période estivale entraîne une moindre consommation de gaz.
Le niveau des stockages est passé de 19 % à la mi-mars à plus de 56 % à ce jour (à comparer à 50 % habituellement à la même date). La campagne d’injection de gaz dans les stockages français a démarré plus tôt que les années précédentes. Le niveau moyen européen de remplissage des stockages est quant à lui de 52 %.
Pour autant, le bon remplissage des stockages français en prévision de l’hiver prochain doit rester une priorité pour l’ensemble des expéditeurs et parties prenantes.
Les flux de gaz en provenance des points d’interconnexion situés à l’est de la France (notamment France-Allemagne) sont en baisse de plus de 60 % sur les 5 premiers mois de l’année (par rapport à 2021).
Depuis le 15 juin, GRTgaz constate un arrêt du flux physique entre la France et l’Allemagne. Ce flux était de l’ordre de 60 GWh/j au début 2022, soit seulement 10 % de la capacité du point d’interconnexion.
En revanche, le flux au point d’interconnexion entre la France et l’Espagne (Pirineos) s’est accru dans le sens sud-nord : en moyenne, plus de 100 GWh/j depuis le 1er mars, avec des pointes constatées de 220 GWh/j durant certains jours du mois de mai.
Les terminaux méthaniers sont très fortement utilisés et proches de leur maximum technique. Depuis les 5 premiers mois de l’année, les entrées de GNL ont augmenté de 66 %, soit 51 TWh supplémentaires. Les possibilités d’importation de GNL se développent alors que le terminal méthanier de Fos-Cavaou a augmenté ses capacités de 11 TWh en 2022, 13 TWh en 2023 et 30 TWh en 2024. La totalité de ces nouvelles capacités a été réservée par différents fournisseurs de gaz. Un accroissement des capacités d’injection à partir du terminal méthanier de Dunkerque LNG est prévu prochainement.
Au-delà, à la suite de l’accord donné à GRTgaz par la CRE, le projet de raccordement d’un terminal méthanier flottant (FSRU) dans le port du Havre se poursuit en lien avec TotalEnergies, HAROPA, l’agglomération Le Havre Seine Métropole et le ministère de la Transition écologique. Ce projet développerait une capacité d’importation supplémentaire de 45 TWh/an et apporterait une résilience supplémentaire au système français tout en permettant davantage de solidarité avec les pays adjacents. Les travaux devraient débuter à l’automne 2022 pour une mise en service prévue en été 2023.
Compte tenu du niveau des stocks français et de l’accroissement des importations de GNL, GRTgaz reste vigilant pour l’hiver prochain et appelle les expéditeurs à continuer à remplir le plus possible les stockages nationaux. En cas d’arrêt total des livraisons de gaz russe et d’hiver normal, la France devrait pouvoir assurer l’équilibre offre-demande du système gazier français. En cas de froid intense ou tardif, GRTgaz aurait certainement à activer un mécanisme d’alerte pour inciter à la réduction de la consommation de gaz, pourrait émettre des ordres de réduction ou d’interruption de fourniture de certains clients industriels ayant signé un engagement à réduire leur consommation sur demande contre une compensation financière (« contrats d’interruptibilité »), voire activer le mécanisme national de délestage (ordre de réduction de la consommation de certains grands consommateurs dont la consommation dépasse 5 GWh par an, conformément au plan de délestage visant à sécuriser l’approvisionnement des sites sensibles et le chauffage des particuliers - décret du 8 avril 2022).