Rencontre avec les lauréats de l’Open Innovation Factory 2022
En 2022, un appel à projets piloté par GRTgaz et réunissant GRDF, Teréga et Storengy a été lancé avec pour problématique : « Comment réduire la teneur en O2 du biométhane sur la chaine gazière ? ».
Fabien Michel, dirigeant fondateur de VOLTIGITAL, société d’ingénierie et de conseil sur les technologies innovantes bas-carbone, et Maroun Nemer, directeur du Centre de recherche sur l’efficacité énergétique des systèmes de Mines ParisTech, ont remporté cette édition ensemble. Entretien à deux voix.
Pourquoi avoir choisi de vous associer pour répondre à cet appel à projets « Réduction de la teneur en O2 du biométhane dans les réseaux gaziers » ?
Fabien Michel :
Nos expertises étaient complémentaires. J’ai été lauréat de l’Open Innovation Factory 2019 et comme j’ai beaucoup travaillé sur les gaz renouvelables, cela m’intéressait de participer à cette nouvelle édition. L’enjeu, dans le cadre de la transition énergétique, était d’identifier des solutions pour réduire la teneur en oxygène du biogaz. J’imaginais un projet intégrant si possible un volet digital, mais il me manquait des compétences scientifiques et technologiques. Je me suis alors tourné vers Maroun, dont les recherches portent notamment sur la décarbonation et le biogaz. Nous sommes très fiers d’avoir relevé le défi et gagné l’appel à projets !
En quoi consiste la solution que vous avez présentée ?
Maroun Nemer :
L’oxygène est présent dans le biogaz pour deux raisons : il s’y introduit via entrée d’air avec les intrants mais surtout, on en injecte dans le méthaniseur pour éliminer le sulfure d'hydrogène produit lors de la méthanisation. Or, l’expérience montre qu’il est très compliqué de trouver des solutions de désulfurisation alternatives à l’oxygène. Avec Fabien, nous avons donc réfléchi au moyen de traiter le problème à la source. L’idée était d’élaborer un système intelligent permettant l’injection de la dose minimale d’oxygène nécessaire à la suppression du sulfure d'hydrogène. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés à la fois sur l’Intelligence Artificielle, la modélisation numérique et le contrôle prédictif avancé. Nous estimons que notre système pourrait faire passer la quantité d’oxygène injectée dans le biogaz, qui avoisine actuellement 3 000 ppm, à seulement 100 ppm.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Maroun Nemer :
Dans les 15 mois qui viennent, nous allons poursuivre le développement scientifique et technique de notre système de dosage intelligent pour optimiser le réglage et mettre en place un pilote.
Fabien Michel :
Suivra une étape destinée à supprimer tout résidu d’oxygène dans le biogaz, étape qui nécessitera sans doute un équipement physique. Puis nous passerons à une phase de développement industriel, notre objectif étant de proposer une solution déployable à des prix supportables pour la filière et aux applications ciblant la réalité du terrain.
Bravo aux 5 coups de cœur !
Dans le cadre de la démarche Open Innovation, deux distinctions particulières saluent la richesse et la pertinence des propositions présentées lors de cette édition :
Un prix « coup de cœur du jury », décerné à :
Un prix « coup de cœur jeune pousse » remporté par Bioxegy.